« L’Art est une blessure devenue Lumière » Georges Braque

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samedi 10 décembre 2022

(102) Que fais-tu de tes nuits ?

            Eric Satie 
        "Gymnopédie no 1"  

Khatia Buniatishvili
                               



QUE FAIS-TU DE TES NUITS ?

(en bien modeste hommage à Paul-Jean Toulet)





Là-haut,

À des années-lumière*

De l'homme

En son vulgum*,

Entre rais* et halos

Flotte l'île hospitalière 

Qu'habite mon ego*

Du soir tombé jusqu'à matin,

       Un vacuum*

Où les fleurs n'ont pas d'odeurs,

Où je vague sans but 

Sur mes rêves à nues* 

Et, pareil à la rose en son jardin, 

Où je pleure sans chagrin,

       Un nulle part et un ailleurs

Invisible, impalpable, indicible

Et comme suspendu  

Entre le silence absolu d'un extatique* sommeil 

Et le jour pathétique de l'irrépressible* éveil

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auteur :  Camal  Elmili-Hamayed

  

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Petit lexique rapide & Clés de compréhension pour mes jeunes lecteurs

(selon l’ordre d’apparition des mots marqués d'une astérisque * dans le texte)

- année-lumière : loin, loin, très très loin
- vulgum : de l'expression latine "vulgum pecus" qui signifie le commun des mortels, la 
multitude ignorante
- rai : poétiquement, un rayon de lumière
- ego (ou égo) : signifie moi, "mon moi"
- vacuum : espace dépourvu de toute matière, vide
- nue : nuage
- extatique : qui provoque ou dépeint l'extase
- irrépressible : que l'on ne peut ni empêcher ni maîtriser ni arrêter 

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En Arles

(Poème de l'inimitable Paul-Jean Toulet)

Dans Arles, où sont les Aliscams,
Quand l’ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,

Prends garde à la douceur des choses
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton cœur trop lourd

Et que se taisent les colombes :
Parle tout bas, si c’est d’amour,
Au bord des tombes.

Paul-Jean Toulet, Romances sans musique, 1915


 

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